Stillsuits?
Stillsuits?

Distillation ?

Dans la vague de sensation créée par la sortie du deuxième opus de Dune, l’idée d’une discussion autour d’un des costumes les plus iconiques de la science-fiction nous tentait particulièrement.

Si vous connaissez l’univers de Dune, ses guerriers du déserts au yeux bleus, aussi mortels que mystérieux, revêtus de sangles et d’ombres vous ont sûrement frappés. En les observant traverser des déserts, croiser des monstres et contrer leurs ennemis sans une goutte de sueur, vous avez du vous émerveiller de cet équipement et de l’aisance avec laquelle il se fond dans le décor. C’est une merveille de design à n’en pas douter, mais le distille n’a pas encore répondu à toutes les questions que nous nous posons.

Le Distille est l’équipement phare des Fremens, natifs d’Arrakis, conçu pour résister aux conditions inhumaines de leur planète désertique. Il recouvre leur corps en entier, bouche comprise, pour protéger le porteur de la perte de son eau. Plusieurs couches de tissu s’imbriquent sur leur peau: la première permet de conduire toutes les sécrétion corporelles (sueur, urine et selles) vers les suivantes qui en filtrent l’eau et la purifie. L’eau est ensuite évacuée vers des poches de stockage sur la poitrine, par un système de tubes actionnés par des pompes sous les talons.

Porter le Distille est un acte de confiance et de diligence. Quand la seule chose qui protège le corps d’une mort certaine et douloureuse est une mince couche de tissu, la responsabilité de survivre repose uniquement dans le soin de la maintenance opérée par son porteur. Les distilles ont une importance presque sacrée. Si comme le dit l’adage, notre corps est un temple, celui des Fremens est menacé par la nature même de leur habitat, et le Distille est l’unique frêle rempart contre la désolation.

C’est l’apogée de l’efficacité, un dispositif minimal qui permet la vie et le mouvement en recyclant l’or de nos corps. Quand il est bien porté, il perd moins d’un dé à coudre d’eau par jour. Bien que très élaboré, le Distille se distingue principalement par son intelligence low-tech, un mix redoutable de processus physiques de base, de tubes et de couches. C’est une démonstration simple et puissante du travail acharné et de l’art de se tailler un costume de survie sans compromis sur la mobilité. Et pour cela, nous l’adorons. Il n’existe pas de costume plus primordial que celui qui préserve la vie, si précieuse et si fragile. Le Distille fait l‘éloge de l’adaptabilité en contexte de ressources limitées, celle-là même que nous défendons.

<img data-fr-image-pasted=

Tous les chemins mènent à Rome

Si vous nous connaissez un peu, vous êtes au courant de notre indécrottable obsession pour le mouvement. Pourvus d’une certaine connaissance sur les dynamiques du corps, nous n’avons pas pu nous empêcher de pousser le Distille dans ses retranchements et de revenir sur les bancs des cours de physique. Avancez sans peur, braves lecteurs et lectrices, pour la suite, la loi de conservation de l’énergie et un peu de bon sens nous suffiront.

Que se passe-t-il quand nous bougeons ? Les corps en mouvement produisent de l’énergie sous forme de chaleur, pour nous ventiler, cette chaleur doit s’évacuer du corps vers l’extérieur grâce à l’évaporation de sueur. Terrain miné pour les Fremens : dans le distille pas de possibilité d’évacuer la chaleur. Elle reste prisonnière sous la dernière couche de tissu imperméable et maintient une chaleur élevée sur la peau. Les lois de la thermodynamique nous ramènent implacablement sur terre, où un distille nous cuirait aussi sûrement qu’un marmite à vapeur.

Quel étrange tour du destin, pour nous qui avions commencé cet article par amour des beaux films, de tomber au détour du chemin sur l’axiome fondateur du sport: la respirabilité.

Nous ne sommes pas Fremens mais des sportifs et des sportives, nous chauffons, nous transpirons et nous en voulons toujours plus. En plein effort, la dernière chose dont nous avons besoin est d’être bridé par l’inconfort. Que ce soit dans un course d’endurance ou en escaladant un rocher, nous devrions avoir les outils qui répondent à nos besoins les plus essentiels, et nous protègent dans l’aventure. A commencer par des vêtements qui comprennent ce qu’ils doivent conserver et ce qu’ils doivent restituer à la nature.

Quand les temps difficiles se profileront à l’horizon — et on ne peut douter qu’ils arrivent, puisque nous activons le vaisseau qui nous mènera à un nouvel âge de la Terre, nous sommes assez optimistes pour croire que nous, humains, sauront reconnaître les meilleurs outils pour créer la suite. Dans l’intervalle, longue vie aux fibres naturelles, infatigables compagnes de nos voyages corporels depuis la lumière des premières aubes jusque dans l’inconnu des jours à venir.

[1] Attribuée à Lavoisier, le père de la chimie, il ne nous en voudra pas de la détourner

Découvrir plus