Digressions olympiques: 3ème partie
Parmi les figures marquantes des Jeux 2024, on peut citer un tireur de pistolet à air comprimé. Yusuf Dikec, un Turc poivre-et-sel a enflammé Internet par son attitude totalement décontractée. Il a tiré en vêtements de ville et rien de plus qu’une paire de lunettes de vue et des bouchons d’oreille. Dikec a raflé la médaille d’argent à l’épreuve mixte, une main dans la poche. Les réseaux sociaux se sont précipités sur l’occasion pour faire courir toutes sortes de rumeurs sur la couverture sportive de Dikec qui selon eux, tient plus du tueur à gages. En interview, il admet que son allure minimaliste est insolite dans le milieu du tir et étonne jusqu’aux jurys. Son histoire peut bien n’être qu’une curiosité, mais elle offre un rebondissement palpitant dans un domaine où l’équipement est une affaire très sérieuse. Effectivement, l’engouement des athlètes de haut niveau pour le matériel ne cesse d’augmenter.
Même chose pour les sports d’extérieur, où l’on voit souvent des attirails qui feraient rougir les cabinets de dentistes. Impossible de dire si c’est par envie de retrouver les petits conforts de la maison ou par paranoïa. Au risque de passer pour d’immenses incultes, nous posons la question : est-ce vraiment nécessaire ? Avons-nous vraiment besoin de nous protéger ainsi de tout ? Nous pensons que non, et c’est pour cette raison que nous ne comprenons pas les membranes qui se vantent de supporter un millier de colonnes d’eau. Oui, il est important de rester au sec, mais jamais au point de compromettre sa respirabilité, et c’est bien ce qui arrive quand on met une veste en plastique scellée à la colle.
Yusuf Dikec, exception à la règle ou non, nous a fait vivre un moment rare dans les sports d’élite et dans le sport tout court. Il montre qu’on peut réussir en mettant les compétences humaines au centre. Il fait aussi un choix risqué, celui d’accepter la pleine responsabilité d’une défaite. Une démonstration de confiance, aussi nécessaire qu’inhabituelle dans un monde traversé par le doute.
