Les arguments pro-recyclage qui nous font tourner en rond
Notre priorité est la circularité et la décarbonation
A l’heure où les intersections entre les différentes crises sont indéniables, continuer d’utiliser un raisonnement linéaire relève de l’ignorance ou du greenwashing. Les énergies fossiles et le plastique sont les deux faces d’une même médaille. Le progrès véritable n’est possible que si nous acceptons de traiter le problème dans sa totalité en prenant en compte les relations d’interdépendance qui rendent le défi si complexe. En promouvant le recyclage plastique, on permet à des matériaux toxiques de rester dans la boucle jusqu’à ce qu’ils finissent en décharge sans cesser de polluer. Si circularité signifie transférer les problèmes sans les résoudre, alors elle n’a pas sa place sur notre feuille de route.
Chasser la perfection ne sert à rien
Si nous ne le faisons pas alors qui ? Parmi les milliers de marques de sport, aucune n’est dévouée à porter le sans plastique à notre niveau de détail. Alors que les dangers du plastique sont avérés, la réponse commune de notre industrie aux questions de durabilité est de mettre en avant les produits recyclés. Si nous nivelons nos attentes par le bas en ignorant les entreprises qui refusent de faire des concessions, il n’y aura personne pour remettre en question des pratiques dangereuses, ni secouer les choses de l’intérieur. Il n’y a aura pas de changement.
Le changement doit venir des consommateurs
La responsabilité est partagée. Et actuellement, les producteurs se dédouanent en servant du plastique recyclé tout en évitant le sujet des composés chimiques. Le choix du consommateur se réalise en face d’un rayon, et si l’étalage ne contient que du plastique vierge ou recyclé, il n’y a pas de choix possible. Avant tout, le choix commence par un accès complet à une information vérifiée. Et pourtant, pas une étiquette ne peut renseigner sur la teneur, la nature ou les effets des substances utilisées. Dans ces conditions, comment espérer des consommateurs qu’ils fassent un choix éclairé, sans parler d’exiger mieux ?
Le changement s’effectue progressivement
Pour amorcer le changement, surtout quand il s’agit de détourner l’inertie plastique, il faut un momentum considérable. Une volonté collective de confronter la situation sans se voiler la face et de pivoter vers des solutions sensées. La législation frnaçaise sur les PFAS en est un bon exemple. Mise sur pied en moins de trois ans, mais uniquement grâce à une mobilisation de masse de la société civile, des ONGs et du gouvernement français.
Refuser de prendre des mesures drastiques repousse le fardeau sur les épaules déjà chargées de la prochaine génération. Ce qui se renforce progressivement n’est pas le changement, mais la capacité à détourner l’attention des vraies questions, pour éviter toute forme de résistance. Ironiquement, alors qu’on nous demande de travailler plus vite au nom d’une croissance qui nous blesse plutôt qu’elle nous sert, on ralentit sans arrêt les mesures qui protègent la vie sur Terre.
En refusant de se plier à ces arguments nous les voyons pour ce qu’ils sont ; des récits qui participent activement à obstruer les vrais progrès. Notre dépendance aux plastiques rend la transition d’autant plus difficile, et pourtant, elle n’empêche pas les solutions rigoureuses, viables et attrayantes de voir le jour. Ce qu’il faut maintenant c’est un effort coordonné pour créer des outils, des lois et des organisations qui permettent le développement de pratiques régénératives au lieu de les décourager.