L’(endo)crime du siècle
L’(endo)crime du siècle
L'été indien nous offre des paysages extraordinaires. Cela tient à la lumière : l'air possède une qualité qu'il n'avait pas en juillet ou en août, avec une écharpe de brume au lever du soleil, et de chaudes couleurs en fin d'après-midi. Pour ceux d'entre nous qui aiment cueillir des champignons, c'est le meilleur moment de l'année : les cèpes, les chanterelles, les coulemelles sortent de terre. J'adore ça. Bien sûr, nous sommes conscients que les champignons ont tendance à agréger toute pollution présente dans l'environnement, mais nos forêts sont saines, les sols sont riches en humus vivant et l'air est pur. Il ne nous viendrait pas à l'idée de manger des champignons provenant de sols pollués ou près de retombées radioactives... et pourtant, nous sommes beaucoup moins regardants lorsqu'il s'agit d'autres polluants qui pénètrent notre corps ou sont en contact avec lui.
Ne jouez pas avec les bébés
Le plastique n'est pas chimiquement inerte. En effet, les plastiques contiennent toute une série d'additifs utilisés pour améliorer leurs propriétés. Ces additifs sont de petites molécules, beaucoup plus petites que les polymères qui constituent l'essentiel du matériau. Comme ils sont dispersés librement dans la matrice polymère, ils peuvent quitter leur hôte plastique assez facilement et se retrouver dans ce qui le jouxte : les liquides, les aliments ou votre peau.
Les perturbations endocriniennes ont commencé à faire parler d'elles après l'an 2000, lorsqu'on a découvert que le bisphénol A, un additif plastique extrêmement répandu, également utilisé pour la fabrication des biberons, avait été retrouvé dans les tissus adipeux des nourrissons.[1]
Hormones
Les perturbateurs endocriniens sont des molécules qui peuvent détourner notre système endogène en imitant les hormones naturelles que notre corps produit. Ces hormones voyagent dans nos organes jusqu'à ce qu'elles rencontrent un récepteur auquel elles peuvent se lier. Cela déclenche une cascade de signaux qui vont à leur tour réguler l'expression de certains gènes. Comme ces perturbateurs endocriniens sont capables de se lier aux mêmes récepteurs que leurs homologues hormonaux, ils peuvent activer ou désactiver de manière incontrôlée l'expression de l'ADN, le code même de nos cellules.
L’(endo) crime du siècle
De fait, de nombreuses maladies liées à des dysfonctionnements hormonaux ont commencé à apparaître lorsque le plastique a progressivement envahi notre vie quotidienne au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Aujourd'hui, un certain nombre d'additifs plastiques ont été identifiés comme étant directement associés à la perturbation endocrinienne. Ils peuvent être de puissants perturbateurs endocriniens, même à très faible dose, et peuvent provoquer toute une série de maladies, telles que des troubles de la santé reproductive, des cancers et l'obésité.[2]
Première couche
Les produits chimiques de tous les jours ne sont pas soumis au même niveau d'évaluation pour déterminer leur nocivité que les produits pharmaceutiques et les additifs alimentaires. C'est également vrai pour les cosmétiques destinés à pénétrer la peau. Je remarque cependant que pour les lotions et les crèmes, les gens ont tendance à lire attentivement les étiquetages et sont sensibles à ce que contient le produit. Ce n'est pas le cas pour les fibres synthétiques qui composent leurs vêtements.
Nous semblons faire beaucoup moins attention à cela, même avec la première couche de vêtements, celle qui est en contact direct avec notre épiderme. Mais si vous visualisez la friction entre votre peau et cette première couche lorsque vous faites du jogging, de la randonnée ou du vélo, vous pouvez facilement imaginer ce qui se passe à un niveau microscopique.
Sensibilisé à ce problème, j'ai essayé de savoir quels additifs étaient appliqués à quels vêtements synthétiques. Malheureusement, j'ai fait chou blanc : il n'y a tout simplement aucune information sur les étiquettes. Et même sur les pages web des fabricants, il est impossible de trouver ces données.
Faites simple
Comment je m'y prends? J'utilise le même principe que pour mon alimentation : des produits simples, naturels et biologiquement purs fonctionneront toujours parfaitement, et auront toujours bon goût. Pour cette cueillette de champignons, je m'habillerai avec des tissus dont je sais qu'ils sont sains pour ma peau. De la laine, du coton ou de la soie. Et pour cuisiner ce que j'aurai eu la chance de trouver, les seuls additifs que j'utiliserai seront du beurre, des échalotes et du persil bio. Un festin d'automne parfait.