Digressions olympiques: 1ère partie
Prenons la température
L’édition 2024 se classe parmi les plus ambitieuses en termes de durabilité. L’objectif annoncé était de réduire les émissions de GES par deux, notamment en évitant à tout prix de construire des infrastructures temporaires, en privilégiant la mobilité douce en Île-de-France et bien sûr, en compensant les émissions de CO2. Mais la vedette de l’année, c’était le nettoyage de la Seine. Entreprise risquée, s’il en est, qui a déchaîné un torrent de réactions sur les réseaux, des plus optimistes aux plus blasées. Mention spéciale pour celles qui menaçaient d’aller déféquer en groupe dans la rivière au moment du grand plongeon d’Anne Hidalgo. D’autres efforts tout à fait notables ont été accomplis dans la gestion du site, comme le retour en trompette des lits en carton, ressortis pour l’occasion des placards de Tokyo, ou bien un système de ventilation innovant sans air conditionné. Il n’a pas fait l’unanimité puisque plusieurs équipes ont pris l’initiative de financer le confort de leurs athlètes de leurs propres deniers.
C’est ainsi que l’air conditionné et des matelas supplémentaires ont percé les fortifications d’un village olympique pas si irréductible. Coût dur médiatique pour ce qu’on présentait comme les Jeux les plus écologiques de tous les temps. Si le public semble s’être bien adapté, l’acceptation des pratiques durables par les athlètes laisse à désirer, principalement causé par leur méfiance à l’égard des nouvelles installations.
Difficile de les blâmer, quand les nuits passées dans le village peuvent changer le cours de leur carrière. D’un autre côté, le dévouement du comité olympique au bien-être futur mérite tout notre soutien.
Succès en demi-teinte pour des Jeux qui visaient un record à la performance écologique. Ne serait-ce que concernant les transports, sujet abordé très sommairement en dehors de Paris. Le plus grand événement sportif au monde et pas la trace d’une idée pour arranger le transit des spectateurs et athlètes internationaux. 40% des émissions des Jeux ont ainsi été passées sous silence, alors qu’on entend partout parler des réductions liés à la restauration, c’est-à-dire à peine 1% de l’empreinte carbone.
En parallèle, ces Jeux coïncident avec le jour le plus chaud jamais enregistré, et les températures grimpantes impactent directement les athlètes et l’avenir de certaines disciplines. Une preuve s’il en faut, de l’absurdité de la situation. La stratégie carbone c’est de combattre un tsunami avec une cuillère à thé et s’en féliciter. Les fables du village olympique sont loin de rectifier le tir. Au contraire, elle montre que trouver une alternative écologique bien conçue n’est pas suffisant. Il est temps de proposer des solutions plus intelligentes à la crise climatique. Et commencer par rappeler que la durabilité est autant environnementale que sociale.
Jusqu’à ce que nos efforts ne se concentrent sur cette intersection et faute de communication efficace, des technologies néfastes mais plus fiables continueront d’être préférées.
Nous saluons l’effort, Mr Estanguet, mais nous ne laissons rien passer quand il est question de sport et de durabilité.